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L'orientation scolaire devient un marché

L'orientation scolaire devient un marché

Sur Internet ou en agence, de plus en plus de cabinets offrent leurs services aux familles. Voilà qui bouscule le service public des Centres d'information et d'orientation (CIO).

À la fin février, l'agence indépendante de conseil en orientation OFP conseils a ouvert ses portes à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). L'idée de Marie-Annick Bonnot, consultante, et Françoise Hamoury, ingénieur en formation, est simple : proposer aux jeunes un accompagnement sur mesure dans leur orientation.

Le secteur se développe

« Beaucoup d'élèves s'engagent dans une filière par défaut, constate Marie-Annick Bonnot. Nous sommes là pour les aider à trouver la voie qui correspond à leur personnalité. Et, très souvent, pour leur redonner confiance en eux. Tout commence par un premier entretien afin de se connaître. Ensuite, on se revoit jusqu'à ce que le jeune intègre la formation envisagée. »

L'agence peut aussi établir un planning de révisions, entraîner le candidat à passer un oral, ouvrir son carnet d'adresses pour qu'il trouve un stage en entreprise.

Pour Marie-Annick Bonnot et Françoise Hamoury, « la demande est énorme ». Elles espèrent implanter d'autres agences en Bretagne. OFP conseils a déjà des concurrents sur Internet : Iece.info, Topos, portail-orientation.fr. Certains ont même des antennes à Nantes ou Rennes.

Un coût qui gêne

De leur côté, les Centres d'information et d'orientation (CIO) proposent gratuitement des bilans d'orientation, des entretiens individuels ou un accompagnement personnalisé. Alors nouvelle concurrence entre public et privé ? « Nous sommes complémentaires, se défend Françoise Hamoury. Nous accompagnons l'élève jusqu'au bout de sa démarche. »

Les tarifs dans le privé varient de 150 à 550 €. « Derrière chaque cas, il y a des dizaines d'heures de travail, justifie Marie-Annick Bonnot. Oui, cela a un prix. Mais louer un appartement pour suivre un cursus qui ne correspond pas aux attentes d'un jeune aussi. »

Pour Catherine Remermier, secrétaire de la section « conseillers d'orientation¯psychologues » au syndicat Snes-FSU, « ces prestations ne s'adressent qu'à ceux qui en ont les moyens. Le marché est considérable, car il joue sur l'inquiétude des familles ».

« Orientation pour tous »

Le développement de ces entreprises est d'autant plus mal vécu qu'en parallèle, l'orientation vit une profonde réorganisation. Cinq départs en retraite sur six ne sont pas remplacés, rappelle le Snes-FSU. D'autre part, un grand service public de « l'information et l'orientation pour tous » est en chantier. Les CIO pourraient rejoindre Pôle emploi, les missions locales...

Ce service accueillerait aussi des associations ou des entreprises « labélisées ». D'où la crainte, à long terme, d'une privatisation de l'orientation scolaire.

Pierre SAULNIER.